FRANCE CULTURE A CONSACRE L’APRES-MIDI  DU SAMEDI 11 OCTOBRE 2014 A EVOQUER L’OEUVRE DE PATRICK MODIANO, PRIX NOBEL DE LITTERATURE 2014. CLAUDE ARNAUD A PARLE DE LA GENESE DE CETTE CONQUÊTE DE L’OUBLI, DE 16 à 17 h, DANS L’EMISSION UNE VIE UNE OEUVRE spéciale Modiano, ANIMEE PAR Martin QUENEHEN, AVEC Pierre PACHET, Claude BURGELIN, Thyphaine SAMOYAULTDenis COISNARD.

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Dans Le Point du 16 octobre 2014, n° 2196, Claude ARNAUD écrit:  » Mon MODIANO est drôle, désinvolte, insolent. Il lit tout et ne souffre d’aucune timidité. Son hypermnésie pourrait le mener même à une sorte de manie collectionneuse sans la faille identitaire qui donne à sa quête un tour vibrant. Il appartient par son père au peuple des victimes, mais aussi au noyau des acteurs du marché noir ;  actrice flamande tournant pour la Continentale, sa mère a un pied dans le camp des bourreaux. Il dévore les livres de ces derniers, leur peur des Juifs en devient presque flatteuse. Il est obsédé par CELINE et Maurice SACHS, cet écrivain juif qui se mit au service de l’Allemagne sous l’Occupation.  Il a fait un hold-up sur cette période qui n’intéressait plus personne, l’a pour ainsi dire privatisée en publiant un mois avant mai 68 La place de l’Etoile. Il s’y présente en dandy sardonique, bien plus intéressé par les bourreaux que par les victimes. Il y montre du rythme, de la tchatche, du culot. Il y fait volontiers l’amour et frappe à l’occasion ses opposants. Mêlé à la traite des blanches, il y revêt un uniforme nazi pour s’en prendre à son père, déguisé en rabbin. Cinq ans plus tard le même Modiano contribue, en cosignant avec Louis Malle le scénario de Lacombe Lucien, à convaincre la France encore gaulliste qu’elle a aussi collaboré. Il parle sans hésitation, il sait tout de ce qui s’est passé. »