…le documentaire KING : DE MONTGOMERY À MEMPHIS produit et écrit par Ely LANDAU, monté avec l’aide de Sydney LUMET et de Joseph MANCKIEWICZ, sorti deux ans après la mort du révérend, aujourd’hui à nouveau en salle. Depuis le boycott des bus de Montgomery en 1955, l’une des premières actions publiques du leader noir, jusqu’à son assassinat à 39 ans, en avril 1968 à Memphis, par un suprématiste blanc, le film retrace la destinée quasi messianique de Martin Luther KING (1929-1968). Fait d’images tournées dans des conditions parfois périlleuses, au milieu des coups et des balles, ce long-métrage témoigne des prodigieux dons d’orateur du pasteur baptiste d’Atlanta, mais aussi de la conviction tellurique qu’il communiquait  à ses auditeurs. C’est un moderne Moïse qu’on découvre, à la fois bouleversé et stupéfait, et voit décidé, corps et âme, à sortir son peuple de la stigmatision sociale où l’a conduit un esclavage infâme, vieux de quatre siècles, mais aussi à le sauver de l’exil intérieur qui a résulté de l’abolition tardive de ce dernier. On découvre le courage surhumain, et l’infinie intelligence stratégique, du KING face à des forces armées et des populations blanches hostiles, non seulement dans le Sud profond et raciste mais aussi – c’est l’horrible surprise que réserve ce chef d’oeuvre -, dans une Chicago qui, sous le parapluie de son maire démocrate, se révèle un nid de suprématistes blancs, tout prêts aussi au lynchage dès que les Noirs sortent de leur ghetto et leur condition. Du Selma convenu (Ava duVernay) au cruel Do the right Thing (Spike LEE) en passant par le brillant BlacKkKlansman (du même), aucun film n’aura aussi bien montré l’infamie de la Ségrégation, mais aussi la bonté héroïque d’un homme qui paraît, a posteriori, le plus grand Chrétien que la terre ait porté, le seul à avoir vécu la doctrine d’amour de Jésus de Nazareth non comme une pénitence ou une croix, mais comme un acte de vie, vibrant de ferveur et même parfois de gaieté, au service de la justice et de l’égalité.